• Berger blanc et gendarmes !

          Je vais vous narrer une anecdote qui s’est passée, … mon dieu il y a bien longtemps, remontons il y a 60 ans environ, j’étais petit, et comme on dit : « quand j’étais petit, je n’étais pas grand ! ». (J’interdis aux ricaneurs qui se moquent de mon âge, de continuer plus avant la lecture de cet épisode qui va concerner la gendarmerie française !!).
          Donc nous sommes au milieu des années 50, aux confins de la Marche et du Limousin. Pour ceux qui ignorent où se trouve la Marche, sachez que nous sommes aux limites des départements de l’Indre et de la Creuse, dans le canton de Saint-Benoît du Sault. L’histoire se passe dans une … euh, comment dire, … une «auberge-bistrot», un mélange de : «bistrot de la Mère Coclumelle», et de «l’épicerie-bistrot-restau» de Maimaine et Gaby», deux estaminets sis dans la même région.  … Bref, ce bistrot-restau, se trouve sur la petite départementale qui relie Saint-Benoît du Sault (36), à Azerâbles (23),. … Hein ? … Ouais, et ben 36, c’est l’Indre et 23, c’est la Creuse !! … Donc ce bistrot, car mon histoire se passe au bistrot, était tenu sans doute, par un farceur, au vu des évènements que je vais vous narrer maintenant.
          Avant d’aller plus loin, je dois faire un peu d’histoire … comment dire  … disons «Ricardienne». A cette époque, je ne sais si c’est toujours le cas aujourd’hui, il existait plusieurs sortes d’apéritifs anisés : le pastis, déjà 51, le Ricard, déjà jaune, le Pernod dit 45 et le Berger, lui, dit blanc, car pur il avait la couleur de l’eau, c'est-à-dire pas de couleur du tout, mais quand on l’additionnait d’eau, comme tous les alcools anisés, (1 volume d’alcool pour 5 volumes d’eau), il prenait une couleur laiteuse. J’emploie l’imparfait de l’indicatif pour vous parler de ça, mais je pense que c’est toujours d’actualité, si tant est que le Berger blanc existe encore. …Hein ? Quoi ? …Le Berger blanc existe toujours ? C’est magnifique ! … Bon passons!!
          Or donc, dans ce bistrot-auberge, sis au bord d’une petite route départementale, lorsque son service la faisait passer par là, la patrouille de gendarmerie, composée de deux hommes, avait l’habitude de s’arrêter. On voyait souvent la voiture de la gendarmerie garée devant, une peugeot 203 «commerciale» noire avec écrit en blanc : gendarmerie nationale sur ses flancs. (Notez qu’à l’époque, on disait commerciale, pour qualifier une voiture qu’aujourd’hui on appelle : un break). De plus, cette automobile était reconnaissable par son immense antenne radio plantée à l’arrière et rabattue vers l’avant pour pouvoir circuler sans l’abîmer. (Il était évident que les militaires la laissaient se déployer pour pouvoir communiquer avec les autorités … quand le besoin s’en faisait sentir. Ce qui devait être rare, vu les difficultés des communications ! à l’époque). Bref, nos deux gendarmes avaient souvent l’habitude de s’arrêter là, à l’heure de l’apéritif, et ils étaient bien accueillis. Et oui, dans les années 50, les gendarmes étaient prisés, ils entretenaient de bons rapports avec la population. Ils s’occupaient moins des contrevenants au code de la route que des petits délinquants qui parfois empoisonnaient la vie des gens de la campagne. Aussi, au comptoir du bistrot, il n’était pas rare que les consommateurs offrent une tournée aux gendarmes qui de leur côté, n’étaient pas en reste.
          Et c’est là que l’histoire se corse. (Comme aurait dit napoléon !)
         En effet, deux des gendarmes de la brigade avaient l’habitude de commander chacun un Berger blanc en guise d’apéritif. …  Je vous ai dit que le propriétaire du caboulot, était un farceur, et «volatile», (pas le poulet, l’expression berrichonne), donc, «volatile»pas qu’un jour il lui vient une idée d’attrappe-nigauds à l’encontre des deux pandores. Subrepticement, il remplace, dans la bouteille, le Berger blanc par de l’eau, et dans le même temps, il met le Berger dans la carafe d’eau !!! (Vous voyez le topo ? Un tour pendable pour les pandores !). Le coup préparé à l’avance, avait réuni autour du zinc des clients amusés à l’idée d’une bonne farce. … Si bien que quand la patrouille de gendarmes se présente, le malicieux barman, avait déjà mis les verres et les ingrédients sur le comptoir, prêts pour la commande des nouveaux arrivants. (La bouteille de Berger pleine d’eau et la cruche d’eau pleine de Berger blanc. Une précision nécessaire pour ceusses qui n’auraient pas suivi les explications qui précèdent). … Donc, nos 2 gendarmes arrivent et: Gaston le barman leur lance :
    « Bonjour messieurs !  2 Bergers blancs ? Comme d’habitude ? »
    « Bonjour ! C’est ça, comme d’habitude. » répondent les deux gendarmes.
    Alors notre coquin empoigne la bouteille de Berger et verse une dose dans chaque verre, puis il pousse la carafe vers les militaires. L’un d’eux s’en saisit et fait le service pour lui et son collègue. Le gendarme est service-service, … Et pour lui, un volume de Berger pour cinq volumes d’eau, c’est un volume de Berger pour cinq volumes d’eau. … enfin quand la dose d’alcool ou la taille du verre le permet. Et levant leur verre, les gendarmes lancent à l’adresse des consommateurs : « A la vôtre ! »   « A la vôtre ! » répondent en chœur ceux-ci.
          A la première gorgée, les deux gendarmes firent peut-être une légère grimace, et se dirent que le mélange était corsé.  Mais ils ne bronchèrent pas et vidèrent leur verre comme si de rien n’était, et ce, tout en bavardant avec tout le monde. A ce moment là, le malicieux tenancier dit : « Je vous remet ça ? » Les gendarmes acceptèrent, et le bonhomme resservit deux doses de l’eau contenue dans la bouteille de Berger. Les gendarmes, se servirent alors grandement avec la carafe qu’ils croyaient remplie d’eau. La deuxième tournée leur sembla  plus «raide», et ils ajoutèrent encore de l’eau  de la carafe pour diluer, croyaient-ils, leur apéritif. …
          Il paraît qu’il y eut plusieurs tournées encore, l’euphorie aidant. Mais peut-être les narrations qui furent faites de cette plaisanterie enflèrent au fil du temps. Toujours est-il, que nos deux compères gendarmes, après avoir éclusé beaucoup «d’ eau» regagnèrent la brigade de gendarmerie de Saint-Benoît du Sault au radar. Heureusement que la Peugeot 203 «commerciale» connaissait le chemin !!! En ces temps reculés, l’alcotest n’existait pas, on pouvait conduire «librement». Il faut dire que la circulation était beaucoup plus , … disons, … fluide. … Il m’est arrivé de l’expérimenter … !!!
          Cette histoire est connue encore des anciens qui, aujourd’hui, prennent un malin plaisir à la narrer à leurs petits enfants plus ou moins «victimes» des tracasseries gendarmesques. Personnellement, je regrette que la gendarmerie soit aujourd’hui plus connue pour ses contraventions que pour les services rendus à la population. … Et je ne dis pas ça par peur du gendarme, !!! Je n’ai plus rien à me reprocher. … Sauf, …  peut-être, eueueueuh, … Mais ceci est une autre histoire que je vous narrerai un autre jour !
                                                           Emil…

    « Wouaaah la gamelle suite ! (Alors là, c'est quasi Lourdes !Ouille ouille ouille !!!! »

  • Commentaires

    1
    bébéturbulent
    Jeudi 3 Mars 2016 à 14:19

    oui, oui, le berger blanc existe encore,

    ça s'appelle un pâtre des montagnes.

    2
    Jeudi 3 Mars 2016 à 15:17

    Là ce n'était plus la ,  tagada - tactique  du gendarme, célèbre chanson dont l'inspiration a trouvé peut être sa source ( anisée) dans ce bistrot.

    les gendarmes connaissaient tout le monde et étaient certainement moins exposés que maintenant.

    C'était la belle époque et heureusement nous l'avons connue.

    Bonne soirée l'Emil....

    3
    Jeudi 3 Mars 2016 à 15:37

    Oh oui !  C'était la belle époque.

    Je l'ai connue moi aussi, pas avec la gendarmerie française. les suisses étaient faits dans le même moule.

    Erwin  

    4
    Jeudi 3 Mars 2016 à 16:39

    Chers gendarmes d'autrefois! Je ne les craignais pas et j'allais volontiers vers eux, au café de ma voisine. J'avais inévitablement un bonbon. Je les aimais beaucoup!

    Et c'est du passé! 

    Bises mon Emil

    Gigi

    5
    quedublablabla
    Jeudi 3 Mars 2016 à 17:45

    Quelle farce ! mdr. On ne pourrait pas la faire maintenant ! je me souviens qu'on achetait de l'anis blanc et de l'alcool à 60° à la pharmacie pour faire du pernod.( je l'ai fait ,je travaillais à côté d'une pharmacie,le même proprio du labo d'analyses médicales où j'étais employée ).il fallait montrer patte-blanche, le résultat était parfait et pas cher.money

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    6
    Lundi 7 Mars 2016 à 15:16

    Ils devaient être beaux en repartant ces deux la, c'est vrai qu'à cette époque la population entretenait d'autres relations avec la gendarmerie, pour leur défense on peut dire que les routes étaient moins meurtrières

    Amicalement

    Claude

    7
    Samedi 26 Mars 2016 à 17:14

    Une belle époque, le boulot n'était pas dangereux à l'époque !!!  bel échange cool

     

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