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    ! … DRIIINNNN !

     

    « C’est moi Lucette ! J’apporte le frichti de midi ! Je lepose sur la table, et j’arrive ! … Pour aujourd’hui, avec la soupe, je vais nous faire boudin purée, ça vous ira ?

     

    « … !

     

    « Lucette ? … Vous m’entendez ?

     

    « … !

     

    « Ma parole elle dort encore, cette feignasse. LUCEEETTE !!

     

    « … !

     

    « (Ma parole, elle est sourde. … Ou alors elle est muette. … Ou les deux. … Elle est peut-être sourde-muette, … ou bien sourd-muette ? … Tiens, sourd-muet au féminin, on dit t’y : sourd-muette ou sourde-muette ? … Et ben je vais monter et je ui poserai la question à la maîtresse d’école). … J’ARRIVE LUCETTE !.

     

    Toc toc toc !

     

    « C’est moi Lucette. … Ah c’est vrai, vous pouvez pas ouvrir les volets. Attention j’allume.

     

    Clic !

     

    « Et ben ! … Ousque vous êtes ? … Lucette ? Vous êtes là ? … Ça par exemple ! Elle a pas pu s’envoler quand même. … Son lit est même pas défait. Pourvu qu’elle se soit pas encore cassé la figure. … LUCEEETTE ? … Elle est pas sous le lit. … Ni dans la penderie. … Elle est peut-être dans la salle de bains. J’y vais !

     

    Toc toc toc !

     

    « C’est pas fermé. Lucette vous êtes là ? … Non, elle est pas là non plus. … Mais ousqu’elle peut bien être fourrée ? … Elle a pas pu aller bien loin sans ses bras quand même ! … LUCEEeette ? … Merde ! Et si on l’avait enlevée ? … Noooon ! Qui c’est qui voudrait d’elle ? Et puis, elle est pas si riche !

     

    « Ginette ?

     

    « Hein ? J’ai rêvé, ou bien on m’a appelé !

     

    « GINEEETTE ! Vous êtes là ?

     

    « Ça, c’est Lucette ! Lucette ? Vous êtes où ?

     

    « Là Ginette ! Je suis en bas dans la cuisine !

     

    « En bas ? (Mais quèsqu’elle fout en bas ?) Bougez pas Lucette, je descends ! … (C’est bizarre, je l’ai pas vue quand je suis arrivée. Pourvu qu’elle soit pas tombée derrière le frigidaire, ça serait le bouquet !!) … J’arrive Lucette ! … RAAAAAH !

     

    BADABOUM !!

     

    « Aïe aïe aïe ! Ouille !

     

    « Ginette, vous vous êtes fait mal?

     

    « Lucette ? Quèsque vous foutez là ?

     

    « Ben j’arrive tiens, je suis chez moi ! Vous vous êtes fait mal ?

     

    « Non bougre de Lucette ! Mais ç’aurait pu ! … Aïe !

     

    « Vous vous êtes fait mal. Je vais m’occuper de vous.

     

    « Je me demande bien comment ! … Avec vos plâtres.

     

    « Ben justement Ginette, j’ai plus de plâtres !

     

    « Hein ? … Aïe ! … Comment ça plus de plâtres ?

     

    « Non Ginette, plus de plâtres. Venez vous asseoir, je vais vous raconter. … Appuyez vous sur moi, on va se mettre dans la cuisine. … Houmpf ! ! Pffff !

     

    « Houlala ! Merci Lucette.

     

    « Là ! … Asseyez vous ! … Vous êtes bien ?

     

    « Ouais Lucette. … Alors ? Comment ça se fait que vous avez plus de plâtres ? Hein ? Vous êtes pas allé à Lourdes quand même !

     

     « Noooon Ginette !

     

    « Ouais, c’est vrai, sinon, vous auriez plutôt eu des plâtres neufs ! Et c’est pas le cas. Alors y s’est passé quoi ?

     

    « Oooooooh Ginette, c’est pas simple cette histoire !

     

    « Et ben, … ouille ! … Essayez de me raconter.

     

    « Ben voilà : Hier vous m’avez quittée après m’avoir gentiment fait dîner.

     

    « Ouais ! On a bien rigolé, hein ! … Une cuiller pour Papa, une cuiller pour Maman, ça m’a rappelé mon enfance.

     

    « Oui Ginette, moi aussi. … Et bien figurez vous qu’après votre départ, j’ai reçu un coup de fil.

     

    « Ah ?

     

    « Oui. Je décroche, et, …

     

    « Vous avez réussi à décrocher avec vos plâtres ?

     

    « Ben oui, j’ai le truc mains libres Ginette.

     

    « Le truc min quoi ?

     

    « Mains libres Ginette, c’est un truc qui permet de téléphoner sans les mains, voyez ?

     

    « Sans les mains ? Mais avec les oreilles au moins j’espère ?

     

    « Ben oui Ginette, il suffit d’appuyer sur un bouton, y a le haut parleur pour entendre et un micro pour parler.

     

    « J’ai pas ça, moi.

     

    « Vaudrait mieux vous équiper Ginette, surtout si vous descendez les escaliers sur les fesses ! Hi hi hi !

     

    « Ooooooh ! Ça vous va bien de vous moquer, vous qui dériboulez toute une rue sur les vôtres, de fesses !

     

    « Oui bon. Alors hier soir, je décroche le téléphone, et, …

     

    « C’était qui ? Pas le bon dieu quand même !

     

    « Noooon ! Mais presque, c’était l’hôpital.

     

    « L’hôpital ? Lequel ?

     

    « Ben celui qui m’avait mis les plâtres la veille !

     

    « Et quèsqui vous voulait l’hosto ?

     

    « S’excuser Ginette, s’excuser !

     

    « S’excuser ? L’hôpital voulait s’excuser ? S’excuser de quoi ?

     

    « Ben d’une erreur Ginette. Figurez vous que quand je suis arrivée à l’hôpital, amenée que j’étais par les pompiers de Potinville, il y avait déjà là, amené lui, par les pompiers de Mortagne,le pèrePochard qu’avait eu un accident de voiture.

     

    « Pochtron était à l’hosto ?

     

    « Pochtron ?

     

    « Oui Lucette, Pochtron, c’est comme ça qu’on appelle le père Pochard, à cause que rien qu’avec ce qu’y renverse de son verre, y pourrait s’ouvrir un deuxième bistrot. Du coup, c’est pas étonnant qu’il a eu un accident d’auto ce soir là, vu la neige qu’y avait !

     

    « Je sais pas s’il avait bu Ginette, en tout cas, …

     

    « Il avait bu Lucette, pasqu’à partir de midi, il est déjà bien entamé.

     

    « Bref Ginette, il était lui aussi à l’hôpital.

     

    « Et quèsque  ça à voir avec vous Lucette ?

     

    « Ben il y avait tellement de monde ce soir là au service des plâtriers qu’il y a eu confusion.

     

    « Confusion ? Vous voulez sans doute dire : embouteillage ? Parce que si y avait Pochtron, c’est pas étonnant !

     

    « Non Ginette. Confusion entre Monsieur Pochard et moi !

     

    « Impossible Lucette ! Pochard, y pèse 130 kilos et vous à peine 40. Peut pas y avoir confusion !

     

    « C’était pas une confusion de personne Ginette, c’était une confusion de dossier. J’avais le 131 et lui le 121.

     

    « Quand même Lucette !

     

    « Mais dans la confusion Ginette, …

     

    « C’est confus votre histoire là, Lucette.

     

    « Justement Ginette. Pochard, il était tellement abimé, qu’il fallait le plâtrer en bas et en haut.

     

    « Ah bon ? Dans votre hosto, on plâtre au rez de chaussée et au premier étage ?

     

    « Non Ginette, on plâtre le bas du corps d’abord, et le haut du corps ensuite.

     

    « Tiens ? C’est nouveau ça !

     

    « Ça doit dépendre de la quantité de plâtre qu’on gâche Ginette.

     

    « J’imagine que ça doit être un sacré gachis !

     

    « Un gachis non Ginette, mais quand y a beaucoup de fractures, faut gâcher beaucoup de plâtre. Alors comme ils ont confondu mon dossier avec celui de monsieur Pochard, ils m’ont plâtré les bras à la place des siens, et ça, pendant qu’il trempait dans son bain de plâtre pour le bas. Vous comprenez Ginette ?

     

    « Eueueueuh ! … Difficilement Lucette, difficilement.

     

    « C’est pourtant simple à comprendre Ginette. Pendant que ceux d’en bas faisaient tremper le père Pochard assis dans le plâtre, ceux d’en haut, qui croyaient que j’étais Pochard,, me plâtraient les bras. Parce que, le père Pochard, fallait le plâtrer en haut et en bas tellement il était cassé.

     

    « Hmmmmmm ! Oui oui oui, … je vois.

     

    « Du coup, hier soir, ils se sont aperçus de leur bourde, et ils z’ont plâtré les bras du père Pochard, puis ils sont venus me chercher pour m’ôter les plâtres de mes bras à moi. Voilà toute l’histoire Ginette !

     

    « Bon alors Lucette, si je comprends bien, vous avez rien. Pas de fracture ni au bras droit, ni au bras gauche, ni même au myocarde, hein ? C’est bien ça ?

     

    « Oui Ginette, je suis parfaitement indemne.

     

    « ET PENDANT TROIS JOURS, VOUS AVEZ PROFITE DE MOI POUR VOUS FAIRE DORLOTER !!! VOUS DEVRIEZ AVOIR HONTE !!!!

     

    « Mais Ginette …

     

    « Y A PAS DE MAIS, VOUS MERITERIEZ QUE VOT’BON DIEU, Y VOUS METTE PAS DE PLÂTRES NEUFS !!!!! Voilà.

     

    « On mange quand même les boudins ? j’ai faim moi.

     

    « M’ouais ! … Moi aussi j’ai faim. Alors mettez la table Lucette l’indemnisée !! (Et moi pendant ç’temps là,, je vais prendre un coup  d’Porto pour me remettre !!!!!!)

     


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