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    Pour vous divertir !

     

          Cette histoire se passe dans les années 50 dans une petite ferme berrichonne comme il en existait à cette époque. Elle était tenue par Auguste et sa femme Germaine. Tous les deux vivotaient sur quelques hectares de terre et 5, ou 6 vaches, selon les années et les naissances.

     

          Ce jour là, L’Auguste terminait la traite du soir, il allait attaquer la traite de sa dernière vache, la Marguerite. En ce temps là, la traite se faisait à la main : on posait un tabouret à 3pieds, (le trépied, c’est ce qu’on a trouvé de plus stable au monde), on s’asseyait dessus et on tirait le lait à la main dans un seau.

     

          Donc Auguste, après avoir donné une tape amicale sur la cuisse de Marguerite, installa son tabouret près des mamelles et commença la traite. Mais soudain, la vache, (eut-elle été piquée par quelque taon), botta d’un coup de sabot dans le seau qui valdingua à quelques pas de là !

     

    -« Sacré vingt dieux !! » s’écria l’Auguste, « Quèsqu’y te prends marguerite ? Tu vas pas commencer ! » Il récupéra son seau, se rassit, et reprit la traite. Mais la Marguerite n’eut pas l’air d’apprécier car, de nouveau, elle botta le seau !

     

    -« Quèsqu’y te prends encore ? Tu vas pas m’emmerder crénom de dieu ! » hurla Auguste. On a beau aimer ses bêtes en Berry, faut pas pousser l’Auguste dans les orties.

     

    -« J’m’en va t’attacher la patte, tu me foutras la paix ! » Et le voilà qui part à la recherche de quelque corde.  Mais, dans l’étable, de corde, il n’en trouva point, il avait du utiliser la dernière pour quelque autre usage fermier. Il souleva sa casquette à bouton, se gratta le crâne, (ce qui chez lui, dénotait une grande réflexion), et l’idée germa dans son esprit pratique.

     

    « Ben j’m’en va utiliser une de mes bretelles ».

     

     … (Ben oui, chez nous autres en Berry, en c’ temps là, on avait les bretelles par paire, et c’était de la bretelle solide, pensez ben qu’il était pas question de perdre son pantalon n’importe où ! …)

     

    Aussitôt dit, aussitôt fait. L’Auguste, il se défait d’une de ses bretelles, et attache la coupable patte de Marguerite au piquet en fer qui la séparait de sa voisine. Et Auguste de reprendre son travail si intempestivement interrompu.

     

          Mais La Marguerite, n’apprécia pas le traitement que lui avait fait subir son patron et du coup, de sa patte libre, elle donna un violent coup de pied dans le seau de l’Auguste, et tous deux, le seau et l’Auguste, ils valdinguèrent dans la paille !

     

    « Cré nom de dieu de vingt dieux !!! » jura l’Auguste, « tu vas voir ce que tu vas voir satanée saloperie de bestiole ! »

     

    Le v’là qui se relève, il défait son autre bretelle et entreprend d’attacher l’autre patte de Marguerite à l’anneau qui se trouvait justement sur le mur de l’étable.

     

    « Là ! Comme ça, les pattes attachées et bien écartées, tu vas me foutre la paix ! » Et il reprend son tabouret, son seau et il se remet à la traite de la pauvre Marguerite. … Il y mettait de l’ardeur, et son seau se remplissait  gentiment. Lorsque, …soudain, SPLATCH ! L’auguste reçut un violent coup de queue de la part de Marguerite.

     

    « Ah ben sacré bondieu de… !, Auguste n’eut pas le temps de finir de jurer que, RESPLATCH, il reçut un retour de queue ! … Alors là, la colère le prit l’Auguste :

     

    « Ah c’est comme ça ! Et ben tu vas voir de quoi que j’me chauffe ! » Il attrape la ceinture de son pantalon. … (Et oui, on n’est jamais assez prudent, et l’Auguste, en plus de sa paire de bretelles, il avait aussi une ceinture !). Donc, il déboucle sa ceinture, saisit son tabouret et le pose derrière la vache. Il empoigne la queue d’icelle et monte sur le tabouret. (Il avait pris un risque en otant sa ceinture, mais le repas de midi ayant été assez copieux, le ventre était suffisamment rebondi pour que le pire n’arrive pas, et donc le pantalon ne tomba pas).

     

          Perché sur son tabouret, Auguste entreprit de faire un nœud coulant avec la boucle de sa ceinture et le passa autour de la queue de Marguerite. Puis, levant les bras,  il passa l’extrémité libre de la ceinture autour d’une poutre du plafond de l’étable. Et c’est là que se noua le drame. … Alors qu’il finissait son œuvre, le fait qu’il ait les bras levés fit que le ventre d’Auguste rentra   légérement, mais suffisamment pour que le pantalon, soudain plus soutenu, tomba sur ses chevilles !!

     

          Vous voyez le tableau ?  … Auguste perché sur un tabouret derrière une vache entravée, la queue attachée au plafond et avec son pantalon sur les chevilles !!!

     

          Et bien, sa femme Germaine, qui entrait justement dans l’étable et voyant ce spectacle, n’a jamais voulu croire son Auguste de mari !!!!

     

     

     


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  • « (Raaaaah ! Quel sale temps ! Et pis ce vent qui vous arrive dans la goule, on y voit rien avec le parapluie devant le nez !)
    PAF ! BAM ! … SPLAAATCH !
    « (Tiens, mon parapluie a encore tapé le mur. Raaaaaah le sale temps !)
    « Aïe aïe aïe ! Ouillouillouille !! Qu’est ce qui m’arrive ?
    « Hein ? Quoi ?
    « Hou la laaaa !!
    « C’est quoi ça ?
    « Wouah ! Je suis toute mouillée en plus !
    « Mais c’est quoi ce truc ? … On dirait que quelqu’un a perdu son parapluie.
    « Ouillouillouille !!
    « Y a quelqu’un ?
    « Oui i i i ! Y a moi !
    « Vous ? Qui ça vous?
    « Moi ,Lucette Gaucher ! Je suis blessée !
    « Lucette ! Qu’est ce que vous foutez là par terre ?
    « J’ai été renversée par un camion qui est monté sur le trottoir !
    « Un camion ? J’ai pas vu de camion moi ! Et pourtant je reviens de chez Justine et Anne  Titegoutte par le trottoir, et j’allais tourner dans la rue Meuret-Ragot. !
    « Aidez moi Ginette, j’ai le fondement dans le caniveau.
    « Vous allez pas vous remplir Lucette, n’ayez crainte. Donnez moi la main !
    « Aaaaaah !
    « Allez ! Ho hisse ! Ran !
    WI IIIIZZ !!
    « Raaaaah ! Ouille !
    Bing !
    « Et ben dites donc, vous êtes plus légère qu’un kilo de plumes Lucette !
    « Aïe aïe aïe ! Je me suis cogné la tête contre le mur !
    « Arrêtez de vous plaindre Lucette, vous êtes pas en porcelaine de saxophone !
    « Ouillouillouille ! … En porcelaine de quoi ?
    « De sax Lucette ! Vous connaissez pas ?
    « Aïe aïe aïe ! … Si si Ginette, je sais !
    « Bon alors ? Hein ? Vous avez pas si mal que ça.
    « Je suis toute courbattue Ginette, et puis j’ai une bosse là. . … Vous avez pas noté le numéro minéralogique du camion par hasard ?
    « Le quoi ?
    « Le numéro d’immatriculation du camion Ginette !
    « C’est un numéro minéral ?
    « Logique Ginette, minéralogique. L’immatriculation du camion quoi !
    « Mais puisque je vous dit qu’y avait pas de camion ! C’est pas logique tout ça. Toute façon, on n’y voit goutte, et pourtant il pleut.
    « Oui, mais j’ai été renversée par quelque chose ! … Ou quelqu’un ….
    « Quelqu’un ? … Qui ça ?
    « Je sais pas moi, quelque chose d’assez gros pour que je tombe.
    « Ooooooh vous savez, y a pas besoin de quelque chose de gros pour que vous vous retrouviez par terre, un courant d’air pourrait suffir.
    « Et bien madame Ginette, on voit bien que c’est pas vous qu’avez subi le choc ! Aïe aïe aïe…  !
    « Ouais.
    « … Et puis je suis toute mouillée par-dessus le marché.
    « Boooooh ! C’est pas grave ça, venez jusqu’à chez moi, je vais vous sècher.
    « C’est gentil ça Ginette. … Oh la la ! Et mon parapluie qu’est tout cassé !!
    « Attendez Lucette, je vais vous le remettre droit moi ! …
    CRAAAAAC !
    « Et voilà, il est comme neuf.
    « Ouais, si on veut. Moi je trouve qu’il est plutôt comme huit.
    « Raaaaah Lucette, jamais contente. Allez venez !
    « Et mon cabas ? Ginette, il est où mon cabas ?
    « J’en sais rien Lucette ! Vous aviez un cabas ?
    « Ben oui ! Moi je revenais de chez Henriette, j’avais …
    « De chez Henriette Dumand ?
    « Ben oui, vous en connaissez une autre vous ?
    « Ben oui, la marchande de volaille, Henriette Douas !
    « Elle est pas dans le bourg elle. Je revenais de la charcuterie avec du jambon des œufs, de la farine  et du pâté.
    « Il y a des œufs et de la farine à la charcuterie ?
    « Parfaitement Ginette, y en a !
    « Et pourquoi que vous allez pas en chercher chez les sœurs Titegoutte ? Vous êtes fâchée ?
    « Non. Mais la dernière fois, y avait un œuf qu’était cassé ! … Comme mon parapluie Ginette, et elles m’avaient pas fait un prix !. … Faudra que je retrouve le camion si je veux être remboursée.
    « Comptes là-dessus et bois de l’eau !
    « Hein ?
    « Rien rien Lucette. … Tenez, regardez, il est là votre cabas.
    « Oh la la ! Il est tout abîmé lui aussi !
    « Ah !
    « Oui oui, et mes œufs, y sont tous cassés, c’est une vraie omelette là-dedans !
    « Et ben dépêchons nous de rentrer, vous pourrez peut-être la faire cuire. Allez vite !!
    « Hououou ! Même le paquet de farine est crevé !
    « Et ben vous ferez des crêpes ! Vous venez ?
    « Oui oui, j’arrive. … Raaaah ! J’arrive pas à ouvrir mon parapluie ! Va falloir qu’il me rembourse le camion.
    « C’est ça Lucette. Allez mettez vous sous mon parapluie, qu’on aille se mettre à l’abri.
    Ploc, ,ploc ,ploc ,ploc !
    « C’est vous qui faites ce bruit Lucette ?
    « Oui iii Ginette, j’ai de l’eau jusque dans mes chaussures, et mes mi-bas qui tombent ! C’est la Bérézina !
    « L’abbé Rézina ? C’est qui celui là ? Un nouveau curé ?
    « Meueueuh non Ginette. C’est un, … eueueuh, eune, … eueueuh, je sais plus, mais c’est pas un curé. Je crois que ça a un rapport avec la retraite ou quelque chose comme ça.
    « La retraite ?  C’est quoi encore ça ? Une de vos inventions ?
    « Non, c’est une expression pour dire que tout va mal, comme les retraites.
    « Tout va mal ? Bof, d’accord il pleut, mais d’un autre côté, on est en novembre, c’est un peu normal Lucette, et dans 2 minutes on est à l’abri.
    « Ben on voit que c’est pas vous qu’avez eu le derrière dans l’eau ! Je suis trempée moi ! Et à cause d’un chauffard. Ah il me le paiera !
    « Allons allons Lucette, vous dites ça parce que vous êtes en colère. Quand vous serez sèche, vous verrez les choses différemment. … On est arrivées, allez entrez, je vais vous offrir un café bien chaud.
    « Ah ça c’est gentil Ginette. Merci.
    « Avec un petit coup de rhum ?
    « Ma foi Ginette, c’est pas de refus.
    « Restez dans l’entrée, et posez vos crêpes là, je reviens.
    « Mes crêpes ? j’ai pas de crêpes Ginette !
    « Pas encore Lucette, mais le mélange est fait. Posez les là, je vais chercher une bassine !
    « Une bassine ? Pour quoi faire ?
    « Pour vous sécher Lucette, pas de panique ! Je reviens.
    « Je panique pas, mais , …
    « Bougez pas !
    « (Et ben je suis dans un état ! … Bououououh !) Vous avez des chaussons Ginette ?
    « Pas besoin, j’arrive Lucette. … Voilà, j’ai une bassine. Ôtez vos godasses et montez là dedans.
    « Hein ?
    « Ouais Lucette, ôtez vos chaussures mouillées et montez dans la bassine je vous dis !
    « Qu’est ce que vous allez faire Ginette.
    « Montez, je vais vous tirer jusqu’à la cuisine, comme ça vous vous égouttrez sans en mettre partout, et puis je vais vous sècher au sèche-cheveux. Montez !
    « Vous êtes sûre que …
    « Ouais Lucette, montez et en route !
    « Bon.
    « Allez ! ho hiiiiisse, en voiture Simone !
    ZIIIIIIPPP !
    « Aaaaaah Giiiinette !
    « Qu’est ce qu’il y a ?
    « J’ai failli tomber ! Il aurait plus manqué que ça que je me casse quelque chose.
    « Excusez moi Lucette, j’avais oublié que vous n’étiez qu’une brindille. Je vais aller plus doucement. … Voilà, vous êtes arrivée.
    « Ouououf ! Et ben je l’ai échappé belle.
    « Oh faut rien éxagérer. … Bon je vous prépare le café rhum et pis je vais chercher le sèche-cheveux. Prenez ce tabouret là. Faites attention de pas tout mouiller Lucette, je reviens. Servez nous pendant ce temps là.
    « Oui oui, merci Ginette. … (Quelle journée ! J’aurais pas du me lever ce matin moi. … Hmmmmmm ! Il sent bon ce café.)
    ***
    « Me revoilà Lucette, j’ai le matos. … Ah je vois que vous avez fini votre café-rhum. C’était bon ?
    « Ma foi !
    « Vous en voulez un autre ?
    « Après le séchage Ginette.
    « Bon alors mettez vous debout dans la bassine, ça sera plus pratique. Je vais brancher le sèche-cheveux. … Zut, le fil est trop court. Accrochez vous Lucette, je vais vous rapprocher de la prise. Ran !
    « Aaaaaaah !
    « Qu’est ce qu’il y a encore ?
    « J’ai failli tomber Ginette.
    « Ouais, mais vous êtes pas tombée, alors cessez de geindre.
    « Dites, c’est pas un peu dangereux votre truc là ?
    « Quoi donc ?
    « Ben le sèche-cheveux et la bassine en fer blanc là Ginette.
    « Meueueuh non, poule mouillée ! Arrêtez de bouger, vous allez être sèche dans 2 minutes.
    « Vous êtes sûre ? C’est que j’ai de l’eau jusque dans ma barboteuse ! Et ça goutte.
    « Vous inquiétez pas, je vais vous passer le sèchoir partout. Attention, je met en route !
    WOUOUOUOUOUOUH ! BZZZZZZZZZZZZ !
    « Wouaaaah c’est froid !
    « Pas de panique Lucette, ça va chauffer dans 2 secondes. Attendez !
    « Raaaaaaaaah ! C’est chauauauaud !
    « Une seconde, je règle la température. Voilà.
    « C’est froid Ginette.
    « Dites Lucette, faudrait voir à voir ! C’est chaud ou c’est froid ?
    « C’est froid, mais c’est un peu chaud aussi, ça dépend !
    « Et maintenant ?
    « Aaaaah ça va mieux ! Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
    « Qu’est ce qu’il y a encore ?
    « Rien Ginette, ça chatououououille. Hiiiiiiii !
    « C’est bon signe Lucette.
    « Aaaaaaah, ça va mieux, je revis.
    « Penchez vous que je vous fasse les pattes !
    « Pas la peine Ginette, j’ai pas de pattes. C’est les hommes qui ont des pattes.
    « Bougre de courge, je vous parle pas de vos cheveux, je vous parle de vos pattes de phasme ! Vous êtes trempée jusqu’aux os ! Levez une patte que ça sèche mieux.
    « Comme ça…  aaaaaaaaaaaa ? Au secours je tombe !
    « MEEEEERDE ! Le sèche-cheveueueueueux !! Il m’a échappé !!!
    PLAAAAATCH !!!
    « Raaaaaaaah !! Au sec … !
    BZIIIII I I I I  !  BZZZ BZZZ BZZZ !
    « Luceeeeette ! ... Ça va ?
    « Eueueuh, ... je crois.
    « Vous m’avez fait peur Lucette.
    « A moi aussi Ginette vous avez fait peur ! … Dites, il est où ?
    « Qui donc ?
    « Le sèche-cheveux Ginette, pas le pape !!
    « Il est dans la bassine Lucette !
    « Wouaaaaaaah ! C’est lui qui a fait BZZZ BZZZ ?
    « Je crois bien Lucette.
    « Mais alors je suis électrocutée Ginette !
    « Ah bon ?
    « OUIIIII ! Je suis moooooorte !
    « Et ben pour une morte, vous braillez bien fort !
    « Mais enfin Ginette, le sèche-cheveux ! … Dans la bassine ! … Je suis électrocutée ! Houououou !
    « Cessez de pleurnicher, vous êtes même pas électrisée !
    « Ah ?
    « Oui i i i ! Hi i i i ! Hi ! Hi !
    « Qu’est ce qu’il y a de drôle je vous prie ?
    « Beeeeeen ma pauvre Lucette, vous avez les cheveux tout droits sur la tête, on dirait un Painque ! Mais pas ponque.
    « Comment que ça se fait ?
    « C’est que vous devez être mauvaise conductrice, ça expliquerait que vous vous soyez ramassé la goule dans le mur vous-même. … Il n’y avait pas de camion ni personne d’autre ! C’est tout. … Bon, et ben moi, Je vais me taper un petit coup de rhum maintenant, j’en ai besoin !
    « MOI AUSSIIIIIIIIIII……………… !!!!!!!!!!  !


    3 commentaires
  • Clap clap clap clap clap clap clap clap !!!!
    « Ouf c’est fini !
    « C’était bien, hein Ginette ?
    « Ouais Lucette, mais fait chaud !! … Pfouououou !
    « C’est vrai Ginette, mais c’était bien !
    « Ouaiaiais ! Allez grouillez vous Lucette, qu’on sorte de çette fournaise !
    « Ça y est Ginette, y z’ont ouvert les portes, on sent un courant d’air.
    « Et ben c’est pas trop tôt. Allez on y va !
    « En route Ginette.
    « Raaaaah ! … Luceeeette !!
    « Quèsqu’y y a ?
    « Aidez moi à me lever, j’ai les genoux coincés ! … C’est trop petit leur truc là !
    « Comment que vous avez fait votre compte Ginette ?
    « Comment j’ai fait comment j’ai fait ? … Ben je m’suis assise tiens, et comme c’est pas grand, j’ai les genoux coincés contre le fauteuil de devant !! Donnez moi la main !
    « Hoooo hisse !!!
    « Tirez bon sang !!
    « C’est ce que je fais Ginette, mais …
    « Tirez j’vous dis !!!
    « C’est que vous êtes trop lourde pour moi Ginette !
    « Trop lourde ? Trop lourde ! J’t’en ficherais moi ! C’est quand même pas mes 60 kilos qui vous font peur ! Mauviette  va!!
    « 60 kilos ? Tu parles !
    « Quoi ?
    « Rien Ginette. … Raaaaah ! Haaaan !
    « Ça vient Lucette, continuez !
    « Ho Hiiiisse !! … Aaaaaaaah !
    CRAAAAAC !!!
    « C’est quoi ce bruit ?
    « C’est rien Ginette, c’est le fauteuil.
    « Quèsqu’il a le fauteuil ?
    « Je crois bien qu’il a eu un problême Ginette.
    « Le fauteuil ? C’est pas grave alors. J’ai cru que c’était ma blouse. Une blouse des dimanches, ça aurait été un désastre. Elle a rien, … hein Lucette ?
    «Hein ? … Eueueuh, … non ! Allez Ginette, on y va !
    « J’arrive ! … Aaaaaaah ! On est mieux debout, et puis je sens l’air. Ouf !
    « Et ben dites donc, y en a du monde ! On est pas sorties.
    « Mais si Lucette, ça avance, regardez !
    « Là oui ! Mais faut que je récupère mon manteau Ginette, et au vestiaire, ça avance pas !
    « Quèsque vous aviez besoin aussi de donner votre manteau au vestiaire ? Au prix où sont les places !
    « Ben vous avez vu qu’y avait pas de place pour lui !
    « Ouais, mais vous aviez qu’ à faire comme moi, vous asseoir dessus !
    « Je voulais pas gêner les …
    « Oh mais ça m’aurait pas gênée Lucette. D’ailleurs est ce que je vous ai gênée moi ?
    « Moi non Ginette, mais les gens de derrière …
    « On s’en tape Lucette ! Mais maintenant , va falloir que je vous attende. Et dans cette chaleur encore !
    « Vous avez qu’ à m’attendre dehors Ginette.
    « J’y compte bien. Tâchez de pas traîner hein !
    « Je vais faire mon possible. A tout de suite Ginette.
    « Ouais ! … Hééééé poussez pas derrière ! Vous m’avez marché sur la godasse !
    « Pardon madame. Mille excuses !
    « Ouais bon, ça va pour cette fois. … Luceeette ! Je vous attends là-bas !
    « D’ac… Ginette ! Je vous rejoins.
    ***
     « (Què-squ’ elle fout ? Presque tout l’monde est sorti. Elle va quand même pas sortir la dernière ! Ah je vous jure cette Lucette, insortable).
    « Me voilà Ginette !
    « Ah ! Et ben c’est pas trop tôt ! Quèsqu’y vous est arrivé encore ?
    « Y retrouvaient pas mon manteau Ginette ! J’ai cru qu’on me l’avait volé.
    « Voler un truc pareil ? Ma pauvrLucette, votre pelure là, personne en voudrait !
    « Oooooooh Ginette ! C’est pas une pelure, c’est un manteau en lapin retourné.
    « Et ben vot’lapin, il aurait mieux fait de retourner d’où qu’y venait ! Y sortait d’un rosier ou quoi ?
    « Pourquoi ?
    « Pasque j’ai jamais vu de lapin rose ! Et y le retrouvaient pas son manteau ? … Rose comme ça, y devait pas y en avoir beaucoup. … Allez venez Lucette, on va boire une bière à une terrasse pour se rafraîchir le gosier que jai particulièrement sec !
    « C’est une bonne idée Ginette, à la terrasse, on va pouvoir regarder passer les gens dans la rue, y a longtemps que je suis pas revenue à Paris.
    « Aaaah c’est vrai que vous êtes une parigote vous ! … Tiens mettons nous là, on va être bien. Surtout qu’y fait pas froid.
    « Ça c’est vrai Ginette.
    Crac !
    « C’est quoi encore ce bruit ?
    « Ça doit être la chaise qui se plaint Ginette…
    « Ho ho ho ! Vous êtes drôle Lucette ! Une chaise qui se plaint, elle est bien bonne !
    « Oui hi hi hi !
    « Quèsque vous prendrez Lucette ?
    « Beeeen, eueueueuh, … je sais pas trop.
    « Ça c’est tout vous ! Incapable de savoir çeque vous voulez.
    « Maiaiaiais, … !
    « Prenez donc un d’mi comme moi !
    « Vous croyez ? Moi je préfère une bouteille.
    « Et ben alors, prenez une bouteille bon sang ! … GARÇON !!
     « Moins fort Ginette, on nous regarde.
    « Et alors ? … GARÇON !! … Quèsqu’y fout ?
    « Il est peut-être occupé Ginette. Ooooooh vous avez vu la voiture ?
    « Laquelle ? Y en a plein.
    « La décapotable là-bas !
    « Là-bas où ça ?
    « Là-bas Ginette, elle est décapotée ! Vous le croyez ça ?
    « Ben une auto décapotable décapotée, c’est plutôt normal Lucette. Non ?
    « Oui Ginette, mais on est à la Toussaint Ginette ! Et normalement, y fait pas chaud pour le décapotage.
    « Des autos Lucette, des autos ! Parce que pour le reste, …Ho ho ho !
    « Qu’est ce que vous voulez dire par là ?
    « Rien rien Lucette, je me comprends !
    « Et ces dames, elles prendront quoi ?
    « Hein ? … Oh ah oui ! Un demi pour moi, et une bière pour la petite dame là.
    « Une pression et une bière ? Quèsqu’elle veut comme bière la petite dame ?
    « Eueueueuh, …
    « Elle veut une 16 !
    « Ça marche ! … Une pression et une 16 !!!
    « Voilà ! Aaaaaaah on va prendre notre pied Lucette.
    « C’est quoi une 16 ?
    « Une kro Lucette ! Ça va vous faire du bien.
    « Oh regardez Ginette !
    « Quoi ?
    « Les filles là !
    « Ouais, alors ?
    « Et ben vous avez vu comment elles sont habillées ?
    « Ben normalement Lucette. Quèsqu’elles ont ?
    « Vous avez pas vu ?
    « Quoi ?
    « Ben elles sont en minijupes avec des collants troués !!!
    « Et alors ? Moi je suis comme ça tous les jours !
    « Ouiii, mais y paraît que ça, c’est le dernier cri à la mode pour les jeunes !
    « Ah ben alors, jesuis à la mode moi avec mes mi-bas troués pour tous les jours ! Tiens, zut !
    « Quèsqu’y y a Ginette ?
    « Et ben mon mi-bas là, il est troué au genou ! Je suis sûre que c’est au théâtre qu’il a été percé !! Raaaah les sagouins avec leurs rangées de fauteuils trop étroites !!
    « C’est pas grave Ginette.
    « Comment ça pas grave ? Une paire de mi-bas du dimanche en fil de soie naturelle, vous vous rendez pas compte ! … De la soie Lucette !!!
    « Bof, vous savez, ma grand-mère avait des rideaux pareils. Et puis maint’nant, vous êtes à la mode Ginette. Vous devriez percer l’autre. Hi Hi Hi !
    « Oh ça va vous hein !
    « Et voilà pour les petites dames. La 16 c’est pour qui ?
    « Pour Lucette, et la pression c’est pour moi.
    « Je vous donne l’addition aussi ?
    « Non, ça c’est pour Lucette. Ho ho ho !!
    « Hein ?
    « Ouais, c’est vous qu’avez eu l’idée.
    « Maiaiais …
    « Ça vous fera 8,50 !
    « Bon … Voilà.
    « Merci ma petite dame.
    « Oooooh Lucette, regardez le zigue là, il a des chaussures à roulettes !
    « Des chaussures à roulettes ? Mais non Ginette, c’est des rollers !
    « Des rouleurs ? Cékoiça ?
    « Beeen, c’est comme des patins à glace, mais avec des roues.
    « Et ben ça doit pas être facile d’aller sur la glace avec des roues. Quand y a d’la neige à Potinville, je sors pas ma voiture moi !
    « M’enfin Ginette, c’est étudié pour !
    « Etudié  pour quoi ?
    « Ben pour aller sur les trottoirs tiens, sur les trottoirs, ça roule en marchant.
    « Vous vous foutez de moi ? Ça roule ou ça marche. Si ça roule, ça marche pas et lycée de Versailles !
    « Mais si, ça roule en marchant, et on va plus vite. Vous voyez, il est déjà rendu loin, on le voit plus.
    « Et ben y a des trucs bizarres ici Lucette ! C’est comme mon demi là.
    « Votredemi ! Quèsqu’il a votre demi ?
    « Ben j’en ai bu la moitié, et maintenant, il en reste plus !
    « C’est parce que vous avez tout bu Ginette !
    « Vous croyez ?
    « C’est tout cru, parole de Lulu.
    « Et tiens c’est quoi ce truc ?
    « Quoi donc ?
    « Cet hurluberlu là ? C’est quoi ?
    « Un clochard Ginette, un pauvre clochard.
    « Il en tiens une bonne ! … A propos Lucette, je prendrais bien un riche café moi, maint’nant que je suis désaltérée. Vous voulez qulque chose ?
    «Non merci Ginette, ma bière me suffit.
    « GARÇON ??
    « Oui madame ?
    « Vous faites des riches café ?
    « Je vous demande pardon madame ?
    « Pardon ? Mais pourquoi ? Vous m’avez pas marché sur les pieds.
    « Je voudrais juste savoir ce que madame prendra madame.
    « Madame prendra rien, mais moi je désire un riche café, s’il vous plaît.
    « Ginette, le monsieur veut savoir ce que c’est qu’un ‘riche café’.
    « Ben c’est un café avec du whisky tiens !
    « Aaaah je vois. … Monsieur, madame désirerait un irish-coffee. En faites vous ?
    « Parfaitement madame, je vous l’apporte tout de suite.
    « Comment que vous avez appelé ça Lucette ?
    « Un irish-coffee Ginette.
    « Un ‘Ail riche cofi’ ? Mais y a pas d’ail dans mon café à moi !
    « C’est comme ça que ça s’appelle en Irlande où c’est qu’on le fabrique Ginette.
    « On les fabrique en Irlande !! … Et ben il est pas prèt d’arriver alors ! … J’aurais du prendre autre chose.
    « Mais non Ginette, vous allez l’avoir incessament sous peu !
    « Ah ?
    « Oui oui Ginette, vous allez voir. A Paris, on trouve de tout !
    « C’est comme à la Samaritaine alors ?
    « Parfaitement Ginette. … Tiens, qu’est-ce que jevous disais, le voilà !
    « Waaaaouh ! Alors ça, c’est formidable. Vive Paris Lucette !
    « Voilà madame. Ça vous fait 9 euros 50.
    « Hein ??? NEUF50 ?
    « Oui madame.
    « Et ben mon colon, c’est pas donné. Lucette ?
    « Non non Ginette, c’est vous qui l’avez commandé, c’est vous qu’allez le boire donc c’est vous qui lepayez !
    « Rrrrrr !... Bon, … voilà.
    « Merci madame, au plaisir.
    « Au plaisir ? Quèsqu’il a voulu dire par là ? J’ai pas payé avec plaisir. Non mais !
    ROAAAARRRRR !!
    « C’est quoi ce bruit ?
    « C’est un scooter Ginette, ici, y en a plein !
    « Un quoi ?
    « Un scooterr, c’est  …
    « Un scout … quoi ?
    « Un scooter Ginette, pas un scout !
    « Alors qu’est-ce que vous racontez avec votre scout ?
    « C’est pas un scout, c’est un engin comme une petite moto, vous voyez Ginette ?
    « Non je vois pas. Vous dites que c’est un scout sur une moto ?
    « Meueueuh non Ginette, un scooter, c’est une petite moto, on peut monter dessus comme sur un vélomoteur, ou une mobylette !
    « Et ça serait réservé aux scouts ?
    « Pas spécialement Ginette, … Tiens, en v’là un autre !
    « Où ça ?
    ROAAAAARR !!
    « Là, vous voyez ? Là !
    « Ce truc qui fait tant de bruit ?
    « Oui Ginette, c’est ça un scooter.
    « Et ben vous avez raison Lucette, c’est pas pour les scouts.
    « Ah bon ?
    « Ben oui Lucette. De mon temps, les scouts, Ils emmenaient pas les filles comme ça sur leur vélo. Vous avez vu la godelurote derrière le scout ?
    « Ben oui Ginette, quèsqu’elle a ?
    « Comment ça quèsqu’elle a ? Mais elle a la jupe qui lui remonte jusque’à … Jusqu’à, … ç’qu’on devrait pas voir !!! Vous vous rendez compte, on dirait une de vos espèces de ceintures Lucette !
    « Mais c’est la mode des jeunes ici Ginette !
    « Et ben elles doivent pas avoir bien chaud les filles ici. De mon temps, …
    « Votre temps est révolu Ginette, tout a changé.
    « Ouais, mais … RAAAAAAH … AÏE AÏE AÏE !!!!
    « Quèsqu’y vous arrive Ginette ?
    « Raaaaaah Lucette ! Je me suis brûlée la goule !
    « Comment ça ?
    « Ben avec le café pardi ! Ouillouillouille !
    « Comment que  vous avez fait votre compte ?
    « Ben c’est mon riche café. J’aspirais tranquillement avec la paille, tout en remontant vers le haut, pour profiter du sucre, du whisky puis du café. Et c’est là, quand j’suis arrivée dans le café que je m’suis brûlée ! Le café, il est trop chaud Lucette !
    « C’est normal Ginette, c’est un irish-coffee, le café doit être chaud. Attendez un peu, ça va refroidir.
    « Je m’en doute triple buse ! En attendant j’ai la goule en feu.
    « Ça va passer, c’est pas grave.
    « Pas grave !!!! … On voit bien que c’est pas votre goule Lucette ! … Aaaaaaaah !
    « Oh tiens regardez Ginette !
    « Quoi ?
    « Le gars là, il a plein de percings.
    « Qui ça ?
    « Lui là, avec la fille en moumoute. Oh mais … !
    « Quoi ?
    « Ben la fille Ginette, elle a que sa moumoute sur le dos ! Regardez moi ça, c’estune honte ! On voit, … on voit !! Roooooh !
    « Je sais pas ce que vous voyez vous, mais je me doute de ce que vous imaginez. Elle est décente, au moins autant que votre jeannette de tout à l’heure. Y a pas à vous offusquer.
    « Ma Jeannette ? Quelle Jeannette Ginette ?
    « Ben la copine du scout tiens, sur la moto tout à l’heure. Les copines des scouts, c’est bien des jeannettes, non ? Vous devez savoir ça vous qu’êtes fourrée avec les dames patronnesses de la paroisse de Potinville. … Slurp ! Hmmmmm ! Ça a refroidi, maint’nant c’est à mon goût.
    « M’enfin Ginette, ça lui arrive au ras des fesses !
    « Et alors, vous avec vos stringues, c’est pas mieux ! Au moins la fille là, elle a de belles gambettes, c’est pas comme vos quilles ! Et puis y paraît que c’est la mode des jeunes.
    « Rooooooh !!! … Oui mais y a mode, et mode.
    « Aaaaaaaah ! Cékoiça ?
    « You want a rrrose ?
    « De quoi ? … C’est qui ça ? … Y me fourre des roses sous lenez ! Y m’a piquée.
    « A rose Ma’ame ?
    « Raaaah ! Ôtez moi ça d’là ! Vous m’avez griffé l’nez !
    « Ginette, c’est un étranger qui vend des roses aux gens pour se faire de l’argent.
    « Un étranger ? C’est pas une raison pour me défigurer ! Je saigne maint’nant, j’aurais l’air malin demain à Potinville !
    « Mais vous pouvez acheter une rose Ginette.
    « Non Lucette, y a pas écrit pigeon là. Elles sentent rien ses roses, vous avez qu’ à en prendre une vous !
    « OK ! Yes mister, give me one.
    « Quèsque vous dites ?
    « Je lui dis que je ui en prends une.
    « Vous avez dit ça en quel charabia ?
    « Ben en anglais pardi ! Il parle anglais Ginette.
    « SLURP ! … Et c’est quoi le… eueueuh,  ‘glais » ?
    « C’est une langue parlée par les Anglais.
    « Aaaaah  oui! … Hips ! … Je me disais aussi … !
    « Quoi donc ?
    « Que j’avais entendu ça quelque part Lucette.
    « Et où ça Ginette ?
    « Hips ! … Et ben au Hard Rock Café Lucette, juste en face là, de l’autre côté de la rue, la seule fois où je suis venue à Paris. J’étais jeune en ç’temps là, mais j’ai connu le riche café là-dedans ! … Hips ! J’en ai gardé un très, mais alors un très bon souv’nir !
    « J’en doute pas Ginette. Allez, on rentre à l’hôtel, vous avez peut-être un peu trop forcé sur la chantilly !!!! … En route !!!!!


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    « Dites Ginette, vous devriez peut-être rouler moins vite, non ?

     

    « Luceeette, on est à peine à 60 ! Vous plaisantez !

     

    « Ben, … eueueuh, pas tellement Ginette. C’est une petite route, et sinueuse en plus.

     

    « Ouais, mais faut bien que je me mette ma nouvelle auto en main !

     

    « Aaaaaaah !!! … Brrrrrr ! … Mais c’est peut-être pas la peine de l’abîmer Ginette.

     

    « Vous inqui’tez pas Lucette, je commence à l’avoir en main. Allez Hop ! Zououou !

     

    « Giiineeeette ! … Moins vite !

     

    « Espèce de poule mouillée ! Voilà une belle ligne droite, on va essayer d’atteindre le 80. Cramponnez vous Lucette !!!

     

    « Je faiais qu’çaaaaaa Gineeette !...... Mais je croyais qu’les voitures sans permis, elles dépassaient pas le 50 !

     

    « Ben celle là si on dirait Lucette ! C’est une Smart, jel’ai achetée parce qu’elle a un nom rigolo.

     

    « Ah ?

     

    Clac clac Clac clac Clac clac !

     

    « Merde ! Quèsqu’on entend ? C’est quand même pas une panne !

     

    « Noooon Ginette, c’est mes dents !

     

    « Vos dents ? Je croyais qu’vous en aviez plus ?

     

    « Si si Ginette, j’en ai et elles ont la trouille !

     

    « Et ben dites leur de faire moins d’bruit, j’entends plus le moteur !

     

    « Je peux pas Ginette, c’est plus fort que moi ! …

     

    « Attention Lucette, on va prendre le virage sur l’aile !

     

    HI I I I I I I I I I I I I !!!!

     

    « Nom de Dieu ! Luuuceeette !

     

    « Giiineeette, la charreeeeette !!!

     

    BAM! … CRAAAAC !

     

    « Raaaaah ! … On l’a échahppé belle Lucette !

     

    « Eueueueuh, … nous, oui, mais la charrette de paille, elle, elle est dans le fossé !

     

    « Dans le fossé ? Oooooooh, ça doit pas être bien grave alors. On va aller voir ça. Vous v’nez Lucette ? Vous serez témoin, la charrette elle était au milieu d’la route ! Hein ?

     

    « Peut-être, mais vous alliez bien vite !!

     

    « A moins de 90 Lucette, sur cette route c’est autorisé.

     

    « Sauf que …

     

    « Que quoi Lucette ?

     

    « Ben avant de partir, vous m’avez bien dit que votre voiture elle était neuve et qu’elle était pas encore assurée. Alors … !

     

    « Rrrrrrr ! C’est vrai. … Mais si ça se trouve, y a pas trop de dégat. Venez voir !

     

    « Raaaah ! … J’ai du mal à ouvrir ma portière. Raaaan ! Ah Ah ! Ça  y est !

     

    « Allez venez, y doit bien y avoir quelqu’un. Une charrette à cheval, ça se balade pas toute seule quand même !

     

    « Lalaouillouillouille ! Ah ben ça ! … Ah ben ça ! … Ah la la !

     

    « Ah ben oui tiens, y a quelqu’un. … Quèsqu’y vous arrive mon brave ?

     

    « Quèsqu’y m’arrive, quèsqu’y m’arrive ? Vous en avez d’bonnes vous !

     

    « Quoi ! Quèsqu’y a ? … Y a rien !

     

    « Quèsqu’y y’a, quèsqu’y y’a ? Vous voyez pas ? Ma charr’tée d’foin elle est foutue !

     

    « Foutue, … foutue. Elle est juste un peu tombée, c’est tout !

     

    « Tombée oui !Mais toute dégarsillée.

     

    « Y a rien !

     

    « Allez z’y, marchez d’ssus pendant qu’vous y êtes !

     

    « C’est pas grave.

     

    « Pas grave pas grave, on a pas idée non plus de débouler à tombereau ouvert sur ç’te route là ! Vous êtes folle ? Ou quoi !

     

    « C’est ce que j’lui disais justement !

     

    « Taisez vous Lucette ! Je cause avec monsieur. … Monsieur ?

     

    « Gustave. J’m’appelle Gustave.

     

    « Bon. Alors écoutez monsieur Gustave. On va bien trouver un terrain d’entente pour arranger tout ça.

     

    « Arranger arranger ! C’est vite dit ! Ma charr’tée d’paille est foutue perdue, et la jument, r’gardez là !

     

    HIIIIIII !!!

     

    « Ben ça y est, a croit qu’ç’est la pause !

     

    HIIIIIIIII !!!!

     

    « On doit pouvoir s’arranger ? Non ?

     

     « Quèque vous entendez par là.

     

    « Ben, … eueueuh, si je vous indemnise, comme ça, de la main à la main, ça m’arrangerait.

     

    « Ben moi j’veux ben, mais faut voir ça avec le père.

     

    « Allons allons monsieur Gustave, je voudrais pas avoir d’ennui. Ma voiture elle est neuve. Enfin, maint’nant elle l’est un peu moins, et puis je suis juste assurée, …

     

    « Non non Ginette, vous êtes pas encore  … !

     

    « Taisez vous donc vous ! … Enfin, monsieur Gustave, je peux vous indemniser grassement.

     

    « Pt’être ma p’tite dame, mais, pensez ben qu’à mon âge, à la ferme, c’est pas moi qui commande, c’est mon p’pa !

     

    « Mais si je vous donne le double de votre paille ?

     

    « Le double ou l’triple, ça change rien, faut voir mon P’pa ! A la ferme, c’est lui qui commande j’vous dis !

     

    « M’enfin !!! … Vous allez pas me faire d’ennuis ?

     

    « Insistez pas Ginette, vous allez en avoir encore plus ! Surtout que vous avez pris un Porto pour l’arroser votr’auto !

     

    « Quand même Lucette, c’est qu’une petite charrette, y doit bien y avoir moyen. …

     

    « Je vois qu’un moyen Ginette, faut voir le père !

     

    « Ouais. … Bon alors monsieur Gustave, allez le chercher votrepère, on va discuter tous les deux !

     

    « Ah ben aller l’chercher, allez l’chercher … ! …  Faudrait d’abord l’sortir, pasque lui, il est sous la charrette !!!

     

    « Oh nom de Dieu !!!!

     

    « Gineeette !!!!!

     


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  •       Je vais vous narrer une anecdote qui s’est passée, … mon dieu il y a bien longtemps, remontons il y a 60 ans environ, j’étais petit, et comme on dit : « quand j’étais petit, je n’étais pas grand ! ». (J’interdis aux ricaneurs qui se moquent de mon âge, de continuer plus avant la lecture de cet épisode qui va concerner la gendarmerie française !!).
          Donc nous sommes au milieu des années 50, aux confins de la Marche et du Limousin. Pour ceux qui ignorent où se trouve la Marche, sachez que nous sommes aux limites des départements de l’Indre et de la Creuse, dans le canton de Saint-Benoît du Sault. L’histoire se passe dans une … euh, comment dire, … une «auberge-bistrot», un mélange de : «bistrot de la Mère Coclumelle», et de «l’épicerie-bistrot-restau» de Maimaine et Gaby», deux estaminets sis dans la même région.  … Bref, ce bistrot-restau, se trouve sur la petite départementale qui relie Saint-Benoît du Sault (36), à Azerâbles (23),. … Hein ? … Ouais, et ben 36, c’est l’Indre et 23, c’est la Creuse !! … Donc ce bistrot, car mon histoire se passe au bistrot, était tenu sans doute, par un farceur, au vu des évènements que je vais vous narrer maintenant.
          Avant d’aller plus loin, je dois faire un peu d’histoire … comment dire  … disons «Ricardienne». A cette époque, je ne sais si c’est toujours le cas aujourd’hui, il existait plusieurs sortes d’apéritifs anisés : le pastis, déjà 51, le Ricard, déjà jaune, le Pernod dit 45 et le Berger, lui, dit blanc, car pur il avait la couleur de l’eau, c'est-à-dire pas de couleur du tout, mais quand on l’additionnait d’eau, comme tous les alcools anisés, (1 volume d’alcool pour 5 volumes d’eau), il prenait une couleur laiteuse. J’emploie l’imparfait de l’indicatif pour vous parler de ça, mais je pense que c’est toujours d’actualité, si tant est que le Berger blanc existe encore. …Hein ? Quoi ? …Le Berger blanc existe toujours ? C’est magnifique ! … Bon passons!!
          Or donc, dans ce bistrot-auberge, sis au bord d’une petite route départementale, lorsque son service la faisait passer par là, la patrouille de gendarmerie, composée de deux hommes, avait l’habitude de s’arrêter. On voyait souvent la voiture de la gendarmerie garée devant, une peugeot 203 «commerciale» noire avec écrit en blanc : gendarmerie nationale sur ses flancs. (Notez qu’à l’époque, on disait commerciale, pour qualifier une voiture qu’aujourd’hui on appelle : un break). De plus, cette automobile était reconnaissable par son immense antenne radio plantée à l’arrière et rabattue vers l’avant pour pouvoir circuler sans l’abîmer. (Il était évident que les militaires la laissaient se déployer pour pouvoir communiquer avec les autorités … quand le besoin s’en faisait sentir. Ce qui devait être rare, vu les difficultés des communications ! à l’époque). Bref, nos deux gendarmes avaient souvent l’habitude de s’arrêter là, à l’heure de l’apéritif, et ils étaient bien accueillis. Et oui, dans les années 50, les gendarmes étaient prisés, ils entretenaient de bons rapports avec la population. Ils s’occupaient moins des contrevenants au code de la route que des petits délinquants qui parfois empoisonnaient la vie des gens de la campagne. Aussi, au comptoir du bistrot, il n’était pas rare que les consommateurs offrent une tournée aux gendarmes qui de leur côté, n’étaient pas en reste.
          Et c’est là que l’histoire se corse. (Comme aurait dit napoléon !)
         En effet, deux des gendarmes de la brigade avaient l’habitude de commander chacun un Berger blanc en guise d’apéritif. …  Je vous ai dit que le propriétaire du caboulot, était un farceur, et «volatile», (pas le poulet, l’expression berrichonne), donc, «volatile»pas qu’un jour il lui vient une idée d’attrappe-nigauds à l’encontre des deux pandores. Subrepticement, il remplace, dans la bouteille, le Berger blanc par de l’eau, et dans le même temps, il met le Berger dans la carafe d’eau !!! (Vous voyez le topo ? Un tour pendable pour les pandores !). Le coup préparé à l’avance, avait réuni autour du zinc des clients amusés à l’idée d’une bonne farce. … Si bien que quand la patrouille de gendarmes se présente, le malicieux barman, avait déjà mis les verres et les ingrédients sur le comptoir, prêts pour la commande des nouveaux arrivants. (La bouteille de Berger pleine d’eau et la cruche d’eau pleine de Berger blanc. Une précision nécessaire pour ceusses qui n’auraient pas suivi les explications qui précèdent). … Donc, nos 2 gendarmes arrivent et: Gaston le barman leur lance :
    « Bonjour messieurs !  2 Bergers blancs ? Comme d’habitude ? »
    « Bonjour ! C’est ça, comme d’habitude. » répondent les deux gendarmes.
    Alors notre coquin empoigne la bouteille de Berger et verse une dose dans chaque verre, puis il pousse la carafe vers les militaires. L’un d’eux s’en saisit et fait le service pour lui et son collègue. Le gendarme est service-service, … Et pour lui, un volume de Berger pour cinq volumes d’eau, c’est un volume de Berger pour cinq volumes d’eau. … enfin quand la dose d’alcool ou la taille du verre le permet. Et levant leur verre, les gendarmes lancent à l’adresse des consommateurs : « A la vôtre ! »   « A la vôtre ! » répondent en chœur ceux-ci.
          A la première gorgée, les deux gendarmes firent peut-être une légère grimace, et se dirent que le mélange était corsé.  Mais ils ne bronchèrent pas et vidèrent leur verre comme si de rien n’était, et ce, tout en bavardant avec tout le monde. A ce moment là, le malicieux tenancier dit : « Je vous remet ça ? » Les gendarmes acceptèrent, et le bonhomme resservit deux doses de l’eau contenue dans la bouteille de Berger. Les gendarmes, se servirent alors grandement avec la carafe qu’ils croyaient remplie d’eau. La deuxième tournée leur sembla  plus «raide», et ils ajoutèrent encore de l’eau  de la carafe pour diluer, croyaient-ils, leur apéritif. …
          Il paraît qu’il y eut plusieurs tournées encore, l’euphorie aidant. Mais peut-être les narrations qui furent faites de cette plaisanterie enflèrent au fil du temps. Toujours est-il, que nos deux compères gendarmes, après avoir éclusé beaucoup «d’ eau» regagnèrent la brigade de gendarmerie de Saint-Benoît du Sault au radar. Heureusement que la Peugeot 203 «commerciale» connaissait le chemin !!! En ces temps reculés, l’alcotest n’existait pas, on pouvait conduire «librement». Il faut dire que la circulation était beaucoup plus , … disons, … fluide. … Il m’est arrivé de l’expérimenter … !!!
          Cette histoire est connue encore des anciens qui, aujourd’hui, prennent un malin plaisir à la narrer à leurs petits enfants plus ou moins «victimes» des tracasseries gendarmesques. Personnellement, je regrette que la gendarmerie soit aujourd’hui plus connue pour ses contraventions que pour les services rendus à la population. … Et je ne dis pas ça par peur du gendarme, !!! Je n’ai plus rien à me reprocher. … Sauf, …  peut-être, eueueueuh, … Mais ceci est une autre histoire que je vous narrerai un autre jour !
                                                           Emil…


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